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Frans Keurentjes « FrieslandCampina n’a pas d’autres choix que de s’adapter »

Frans Keurentjes est président du conseil de surveillance de FrieslandCampina. La coopérative néerlandaise compte 11 476 sociétaires, principalement aux Pays-Bas mais aussi en Allemagne et en Belgique, pour une collecte de 10 milliards de kilos de lait, et de 2 milliards de kilos hors Europe. Dans notre observatoire Top 14, il est le leader européen du prix du lait. © C. hue

Malgré la pression environnementale, la coopérative néerlandaise est confiante. Sa collecte va se maintenir mais avec des élevages plus efficaces. Elle engage des discussions avec ses membres sur le type de coop souhaité ces prochaines années.

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Aux Pays-Bas, la production est contrainte par la réglementation environnementale. Friesland­Campina prévoit-elle un recul de sa collecte ces prochaines années ?

Frans Keurentjes : Si l’on écoute les médias, on peut penser que la production laitière néerlandaise va diminuer sous la pression environne­mentale. FrieslandCampina préfère comprendre ce que veulent ses membres. En tant que coopérative, nous avons l’obligation de prendre tout le lait qu’ils produisent. Nous collectons aujourd’hui 10 milliards de kilos aux Pays-Bas, en Allemagne et en Belgique. Malgré les restrictions environnementales, nous resterons à ce niveau en 2030. Je m’appuie sur une enquête menée auprès des éleveurs, publiée en juillet dernier. Il en ressort que le nombre de fermes laitières aura baissé de 30 % à 40 %. La moitié des éleveurs ont l’intention de continuer à se développer et 10 % auront moins de vaches, mais produiront plus de lait par vache. La moyenne des troupeaux sera de 140 vaches dans dix ans, contre 100 aujourd’hui.

Développer la collecte dans les pays où vous exportez est-il une alternative au plafonnement de la production ?

F. K.  : Nous pouvons d’abord progresser en augmentant la part rentable de notre mix-produit. Un tiers de notre collecte nationale est valorisé sous le prix de base. Si nous collectons 2 milliards de kilos de lait en dehors de l’Union européenne, dans des pays tels que le Nigeria, le Vietnam, l’Indonésie ou la Malaisie, c’est le résultat de l’histoire. Nous exportons deux tiers de nos produits. Dans le passé, un certain nombre de pays nous ont dit (et nous disent encore) : « D’accord pour exporter chez nous, mais à condition que vous investissiez dans des usines et dans notre développement laitier. » Développer le lait en dehors de l’Europe pourrait être une partie de notre stratégie mais elle dépendra des possibilités et opportunités locales.

En France, on s’interroge sur un éventuel partenariat, voire plus, entre Sodiaal et Friesland­Campina.

F . K. : Nous maintenons de bons contacts avec Sodiaal comme avec beaucoup d’autres acteurs européens. Le secteur laitier est à un tournant. S’il veut un futur, il doit s’adapter. Les investissements et les partenariats que FrieslandCampina envisagera seront générateurs de plus-values supplémentaires. Si nous ne le faisons pas, d’autres le feront à notre place. Dans cet esprit, nous commençons une petite collaboration avec la coopérative finlandaise Valio sur les produits d’origine végétale, tels que les boissons à base d’avoine. J’ai confiance dans l’avenir du secteur laitier. Il n’y a pas d’autres bonnes alternatives que le lait pour produire des protéines de qualité. FrieslandCampina a acquis au fil des années une position de choix sur ce marché, mais aussi dans les démarches durables. La coopérative veut continuer d’être un acteur européen de premier plan.

Quelle voie veut emprunter Friesland­Campina pour s’adapter aux pressions environnementales, répondre aux critiques sur l’élevage et assurer ses marchés ?

F. K. : Nous engageons un dialogue avec nos adhérents : quel type de coopérative veulent-ils pour les dix prochaines années ? Nous devons, en tant qu’éleveurs, être réalistes. Les Européens sont soucieux du bien-être animal, de la protection de la nature et du climat. Cela ne va pas changer. Nous n’avons pas d’autres choix que de comprendre cette évolution et de nous y adapter.

Comment les éleveurs peuvent-ils améliorer leur relation à la société ?

F. K. : Aujourd’hui, 20 % des exploitations se montrent capables de produire plus efficacement, avec moins de rejets atmosphériques. Elles ouvrent la voie. Notre société est confrontée­ à d’énormes défis. Nous avons besoin, société et producteurs, de travailler ensemble à un avenir durable. Même si je suis confiant, cette transition n’est pas aisée. Elle provoque plus d’inquiétudes que la fin des quotas, qui était un obstacle plus « visible ».

Propos recueillis par claire hue

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